jeudi, juin 18, 2009

Un éléphant, ça trompe énormément !

Jeudi 11 juin 2009 :

7ème jour depuis notre départ. Le temps passe vraiment vite. Et aujourd’hui, c’est le grand jour. Nous partons en amoureux, en 4x4 équipé accompagné d’un jeune ranger, nommé Travis. Ce jeune black sud-africain est guide depuis cinq ans. Il nous rejoint à Memorial Gate, l’entrée du parc de Hluhluwe (prononcez Chou-chou-oui). Nous nous sommes levés à 5h pour profitez de l’entrée de bon matin, à l’heure où les animaux sortent le plus souvent, en raison des températures agréables.

Le lodge nous a préparé des « breakfast & lunch packs » avec lesquels nous aurons largement de quoi nous nourrir. Le guide a aussi les siens. On fera des pauses pour pouvoir grignoter.
Objectif affiché : en voir un maximum et surtout trouver les deux autres animaux du big five qui nous manquent : léopard et lion. Le guide est clair : il s’agit des plus difficiles à trouver mais nous confirme qu’on va éviter les grands axes et nous rendre sur leur terrain de jeu favori.

D’autres jeeps remplies d’US se suivent à l’entrée du parc. Les premières s’arrêtent, laissant passer un buffalo qui se restaure. Mais la sensation va venir de bonne heure. Une hyène observe le même buffle que nous. Et incroyablement, elle va apparaître sur la route et longer notre jeep, à moins de deux mètres. Elle nous ignore totalement, fixant le buffle et guettant ses moindres gestes. Seule, elle n’a aucune chance contre un si gros adversaire mais elle pourrait rameuter des collègues. Elle disparaît au bout de quelques minutes dans les arbres, sous le regard excité des touristes. Il est rare de voir une hyène de si près.

La matinée est riche en rencontre : éléphants, rhinos, un grand groupe de buffles. Nous faisons une pause petit-déj sur une aire adaptée avec des bancs et des poubelles protégées pour que les charognards de viennent pas tout ravager. Il n’y a pas de barrière et les panneaux sont formels : ici vous pouvez descendre des véhicules mais c’est à vos risques et périls ! Cela ne nous coupe pas l’appétit mais nous ne sommes pas rassurés pour autant. Et cela devient même plus épicé avec l’arrivée d’un éléphant bien décidé à se nourrir lui aussi. Il casse toutes les branches à portée de trompe. Il bouche même l’entrée des toilettes et nous devons nous garer à une certaine distance pour prévenir tout danger. Nous nous postons de l’autre côté de la voiture pour manger rapido et le guide multiplie les regards vers l’animal afin de guetter un éventuel souci. Il nous explique qu’une fois, une de ses collègues a vu surgir une lionne alors qu’elle faisait une pause déjeuner avec un groupe de touristes. Le groupe a du rejoindre le véhicule en catastrophe mais lentement afin de ne pas exciter l’animal. Ils ont eu la peur de leur vie. Les animaux sont chez eux ici !

Et nous allons en avoir un exemple bien concret. Les antilopes par centaines, des zèbres, phacochères et girafes à ne plus en finir… les herbivores sont visibles et nombreux. Les carnivores sont quant à eux bien plus discrets.

Les paysages sont superbes et les rivières nous offrent de belles prises de vues. De midi à 15h, rien. Presque rien. Les animaux se cachent à l’ombre d’arbres et buissons et deviennent moins visibles. Nous faisons des kilomètres sans rien voir. L’après-midi est plus sympa avec le retour de la douceur mais toujours pas de lion. Nous mettons la pression sur le guide car nous voulons voir les félins. Il nous regarde en nous faisant comprendre que les animaux sont rois et l’on peut passer des jours sans les voir.

L’heure tourne et nous devons rentrer … nous prenons la direction de la sortie sur un chemin en terre. Passant près d’une famille d’éléphants, les petits s’approchent trop près de nous, énervant une femelle protectrice. Nous devons accélérer pour éviter de trop les titiller. Quelques mètres plus loin un point d’eau et devant nous une voiture arrêtée. En approchant, ce jeune couple d’américains nous regarde, quelque peu soucieux. Devant eux, un arbre est couché, bloquant l’accès. Des éléphants viennent de le renverser et sont près de nous. Nous ne les voyons pas mais pouvons entendre les branches se casser sous la force de leur trompe. Ils mangent et ne semblent pas près de bouger.

Impossible de bouger l’arbre nous sommes obligés de faire demi-tour et repasser devant l’autre famille d’éléphants postée plus haut… tout cela avec l’heure qui tourne et la fermeture du parc qui approche. Le guide se tourne vers nous et nous explique qu’il va falloir sérieusement accélérer. Nous nous habillons plus chaudement avec la jeep est ouverte.

Le jeune couple passe devant mais pile quelques mètres plus loin. Trois énormes rhinos viennent se désaltérer au point d’eau. Ils sont au beau milieu de la route et le jeune couple de touriste ne sait quoi faire. Notre guide passe devant et les rassure, il s’agit de rhinos blancs, ils sont craintifs. Un léger coup d’accélérateur mobilise l’attention des trois molosses. Le klaxon les fera fuir. Mais ils sont de mauvaise humeur et nous ne devons pas trainer.

Le charme d’un safari réside dans la situation qui va suivre. Nous sommes dans la nature, en pleine nature … isolés … chez les animaux, sur leur terrain. Et en continuant notre route, nous allons le ressentir.

Une fois l’arbre et les rhinos à bonne distance, nous pensions nous en être presque tirés, c’était sans compter sur l’apparition de cet immense éléphant qui apparu en plein virage. Avançant droit sur nous, nous regardant dans les yeux, nous sommes contraints de faire marche arrière. Il est trois fois plus grand que la jeep et doit faire 5 ou 6 tonnes. Une de ses pattes plierait la voiture ... A chaque virage où nous disparaissons de sa vue, nous le voyons inlassablement réapparaître… il vient sur nous ! La tension monte d’un cran lorsque nous entendons la voiture derrière nous heurter le bas côté. Les jeunes américains sont affolés, la femme se tient la tête entre les mains. Marie-Laure commence à se sentir mal à l’aise. De mon côté, je rigole nerveusement, trouvant la situation géniale.

On résume ?

Dans notre dos, une voie sans issue, trois rhinos affolés et des ricains terrifiés. Devant nous, un éléphant de 6 tonnes qui avance en nous regardant dans les yeux… C’est parfait !

Je commence à m’inquiéter lorsque je vois le guide sortir du véhicule pour lancer des pierres en direction de l’éléphant. Après avoir donné un coup de fil à des collègues pour se rassurer sur la démarche à suivre, il ramasse des pierres et les jettes à proximité de la bête. Les deux premiers lancés affolent l’animal qui dresse ses oreilles et lève la trompe.

Je prie pour qu’il ne nous charge pas et vois Marie-Laure au bord des larmes. La troisième pierre s’écrase aux pieds du monstre qui fait un écart et tourne dans les bois. Tout en continuant à lancer des cailloux, le guide remonte dans la voiture et lance la jeep à toute berzingue pour doubler l’animal effrayé. Ouf … les deux véhicules passent et nous nous éloignons du danger. Soulagés et épuisés.

Nous rentrons sur le lodge de nuit et nous disant que nous n’allons pas oublier ce moment de stress. Nous nous sommes couchés très tôt ce soir.

Vendredi 12 juin 2009 :

Dernier jour à Zululand. Nous nous levons tôt pour partir vers le Swaziland. Quelques achats à la boutique de produits locaux, une girafe en bois, des masques zoulous et un magnet d’éléphant en souvenir des péripéties de la veille. Le check out est un peu long mais l’hôtesse d’accueil pas bien réveillée ou incompétente (ou les deux), effectue quelques erreurs en notre faveur. Une belle surprise.

Nous prenons la N2 pour aller de Hluhluwe à Pongola, vers le nord, en longeant l’océan indien. On ne voit plus la mer mais on la devine à distance. On s’arrête à Pongola pour faire le plein d’essence (Unleaded pour 400 R) et du change à la banque où nous faisons trois la queue au guichet, après une incompréhension… Le poste frontière doit se trouver là, à Pongola mais mal indiqué, nous ne le trouverons jamais…

Du coup, nous prenons l’option de longer le Swaziland par l’Ouest et aller jusqu’à Piet Relief (toujours sur la N2). Plus de 230km de route … Bonne stratégie mais terrible erreur de notre part !

Au lieu de trois heures de route, nous allons en passer presque sept au volant ! A l’approche de la prochaine coupe du monde de football en 2010, l’Afrique du Sud rénove ses infrastructures. Toute la route s’est transformée en route à feux alternés. Et nous avons jonglé entre poids lourds et stops interminables toute la journée… Mauvaise pioche ! Toute une journée foutue. Heureusement pour nous, c’était une journée de transition mais nous avons bien fait de ne pas trainer le matin. A chaque arrêt, les vendeurs de bananes ou d’ananas défilent devant le pare-brise. Sur la route, nous croisons un nombre incalculable de piétons, vaches et voitures en panne ou abandonnées.

L’arrivée à Piet Relief enfin ! Nous tournons vers Amsterdam et Nerston où nous trouvons (enfin) un poste frontière. L’entrée au Swaziland est épique. A l’ancienne…
La DDE locale n’a pas du passer depuis des décennies ici. L’état des routes est catastrophique et je suis contraint de baisser le rythme pour éviter les nombreux trous sur les premiers kilomètres. Deux heures d’enfer.

Nous nous dirigeons vers Mbabane, capitale du Swaziland. Notre logement, le Madenga Lodge, se trouve au sud de la grande ville du royaume avec ses 80000 habitants. Nous traversons rapidement la ville industrielle de Bhunya où se trouve une immense usine chimique qui dégage une odeur nauséabonde. Il est temps d’arriver.

La première impression ne change pas. Le Swaziland est un pays pauvre. Il n’y a aucune ressource ici, excepté le bois. Les forêts sont nombreuses, omniprésente et nous ne croisons aucun signe d’agriculture quelconque. Avec 40% de personnes touchées par le SIDA, le pays est en tête des victimes de l’épidémie. Pas étonnant donc de voir les jeunes gamins nous tendre les mains pour demander une pièce ou de la nourriture…

Il nous tarde d’arriver et enfin les panneaux nous rassurent. Le lodge est indiqué, nous arrivons exténués sur place. Des petits chalets charmants, face à la vallée d’Enzulwini. Le voyagiste a bien fait les choses. Les hébergements où nous sommes passés sont de qualité. Nous n’avions pourtant pas demandé à être en grand confort. Nous voulions quelque chose de standard pour découvrir l’Afrique du Sud à la « roots ».

Pour nous consoler de cette journée, nous nous offrons un bon repas à l’auberge du coin, accompagné d’un Alto Rouge 2001 à quatorze degrés (100 R la bouteille). La nuit tombe et nous ne nous faisons pas prier. La route fut longue aujourd’hui.

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